EMDR est un sigle américain qui veut dire Eye Movement Desensitization and Reprocessing, soit en français Mouvement des yeux, Désensibilisation et Retraitement (de l’information). C’est une très grande découverte faite en 1987 aux Etats-Unis dans le domaine des psychothérapies, par une américaine, Francine Shapiro. Cette psychologue est aujourd’hui membre du Mental Research Institute de Palo Alto. Elle a obtenu en 1994, pour sa découverte, l’un des plus grands prix scientifiques des USA : the Award for Distinguished Scientific Achievement in Psychology. En juin 2002, Francine Shapiro a reçu la plus prestigieuse distinction : le Prix Sigmund Freud décerné à la fois par l’Association Mondiale de Psychothérapie et par la ville de Vienne.
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Originalité de l’EMDR
L’EMDR utilise une méthode vieille comme le monde, l’attention bifocale de la personne sur elle-même, ce qui veut dire qu’à la fois, elle revit son problème dans tout son corps, parfois avec beaucoup d’émotion et à la fois elle considère ce qui se passe en elle au cours de cette reviviscence. Ceci n’est donc pas à proprement parler original, puisque la méditation utilise le même moyen. Ce qui l’est davantage, c’est l’utilisation d’une stimulation concomitante bilatérale (de chaque coté du corps) alternée par des mouvements oculaires ou un toucher ou des sons, en même temps que la personne revit son problème comme décrit ci-dessus. Nous savons que ces stimulations remettent en route le retraitement des informations dysfonctionnelles à l’origine des troubles.
Effets de l’EMDR
L’EMDR mobilise un processus naturel de guérison psychique analogue à ceux qui, par exemple, permettent la cicatrisation de l’organisme après une coupure.
L’EMDR remet en route des processus bloqués. Les émotions et les représentations se séparent. La personne ne souffre plus quand elle repense à l’événement traumatisant.
L’EMDR n’efface pas le passé, mais il ne fait plus mal. L’estime de soi remonte.
Les symptomatologies anxieuses, phobique ou dépressives sont considérablement réduites.
L’EMDR est applicable avec de très bons résultats aussi bien pour les enfants que pour les adultes. En matière de traumatismes psychiques les études contrôlées montrent 80% de taux de guérison.
Comment ça marche ?
En demandant au patient une attention bifocale, c’est-à-dire de considérer ce qui se passe en soi en même temps qu’il revit le trouble passé et en développant un protocole de travail spécifique à l’EMDR, le thérapeute remet en route le processus naturel de retraitement des informations dysfonctionnelles, qui était bloqué. Une information est considérée comme dysfonctionnelle si un stimulus appelé pour la circonstance déclencheur, entraîne une réponse inadaptée. Pas plus que pour les autres thérapies, personne ne peut dire dans le détail comment l’EMDR marche. Plusieurs hypothèses ont été faites. Dans le cadre restreint du présent article, il faut signaler principalement le parallèle qui a été établi entre les mouvements oculaires utilisés en EMDR et ceux qui interviennent spontanément au cours du rêve. On appelle cette phase REM, ce qui veut dire en anglais, Mouvement Rapide des Yeux. De nombreuses études prouvent que le sommeil et le rêve interviennent dans les processus de mémorisation.
L’EMDR est un changement de paradigme
Ceci veut dire que notre conception de la pathologie et des moyens de la traiter a radicalement changée depuis l’avènement de l’EMDR. Ce changement de conception était déjà contenu dans les différentes approches qui précédaient, par exemple celles des thérapies comportementales et cognitives, qui s’appuient sur l’expérimentation, la recherche et la réflexion qui accompagnent l’observation scientifique des phénomènes.
La pathologie est désormais conçue comme un désordre non seulement psychologique, mais affectant un ensemble psycho-neuro-physiologique. Mais surtout désormais on considère que la personne dispose de moyens naturels de traitement et de guérison des traumatismes psychiques, analogues à ceux qui permettent la cicatrisation d’une plaie. Le traitement EMDR en tiendra compte et se servira donc de la stimulation bilatérale alternée (motricité et neurologie), pour relancer ces processus naturels. Ainsi il pourra retraiter des représentations (niveau psychologique) dysfonctionnelles puisque leur évocation entraîne des réactions émotionnelles neurovégétatives (niveau somatique et comportemental) incompatibles et inadaptées avec la situation actuelle du sujet.
La guérison souvent rapide de la symptomatologie quand il s’agit de traumatismes simples et l’accélération des traitements conduit à remettre en cause certains à priori, comme : « c’est la parole qui guérit » ou bien : « Il faut beaucoup de temps pour guérir ». Avec l’EMDR, on se rend compte que la parole comme les décharges émotionnelles sont dans la grande majorité des cas insuffisantes à apporter la disparition des symptômes, même si souvent elles soulagent et parfois entraînent des prises de conscience véritablement curatives. En s’efforçant d’accéder à une véritable compréhension scientifique de la pathologie, la thérapie EMDR essaie de s’abstraire au maximum des aspects aléatoires des phénomènes de guérison observés parfois dans l’exercice d’autres thérapies. Il est alors prouvé que : Le temps de guérison ne dépend que de la justesse des solutions (compréhension et mise en œuvre) apportées par le thérapeute au problème du patient.
En cela nous pouvons affirmer que l’EMDR signe définitivement un changement de paradigme apporté par aux sciences humaines.
Applications de l’EMDR
Initialement, l’EMDR ne concernait que le domaine des traumatismes psychiques. Ces troubles sont très difficiles à guérir par des soins médicamenteux ou psychologiques. Or ils sont parfois résolus définitivement en quelques séances par cette méthode. Une expérience traumatique grave provoque l’interruption du fonctionnement normal du système neurologique et psychologique de traitement de l’information. Celui-ci est nécessaire à la résolution et à l’assimilation de l’évènement traumatique. Or le traumatisé après un choc très grave, ne peut incorporer l’événement comme il le fait habituellement. La thérapie EMDR stimule les mécanismes neurologiques accélérant le « re-traitement » du vécu traumatique et son assimilation. Un individu sévèrement agressé pourra se souvenir de cet événement passé sans ressentir tout le poids des émotions négatives. Le passé ne fait plus mal.
L’EMDR a permis une meilleure compréhension des problèmes psychiques. Des recherches ont été entreprises pour pouvoir traiter, de nombreuses autres problématiques comme les problèmes névrotiques, les phobies, les dépressions, etc. Mais de nombreux cas restent encore irrésolus. Les phénomènes psychologiques malgré la formidable avancée permise par l’EMDR demeurent toujours complexes et trop souvent impossibles à résoudre. L’EMDR n’est et ne sera sûrement jamais la panacée. Enormément de travail de recherche reste à faire. Les résultats, toutefois, sont encourageants, même si beaucoup de difficultés subsistent.
Source : EMDR Revue